VISITE GUIDEE DE LA VILLE D’ORGELET
"Petite Cité Comtoise de Caractère"
Orgelet, petite ville de la Région des Lacs située à environ 500 mètres d’altitude, est une ancienne capitale bailliagère de la Comté du Sud. Elle eut ainsi ses heures de gloire et conserve de nombreux vestiges épars de son passé illustre.
Elle vous offre donc, au cours de cette visite, de partager son passé où s’entremêlent anecdotes et histoires locales, avec bien sûr ses personnalités comme Rouget de Lisle, Mandrin ou encore l’enfant du Pays, Cadet Roussel.
En quelques mots, Orgelet est une petite ville regroupée en forme de croissant autour du Mont Orgier, qui a donné son nom à la cité, nom qui apparaît pour la première fois en 1227.
Dès 1546, la ville d’Orgelet deviendra un centre judiciaire très important, bailliage secondaire en Franche-Comté. Elle comprenait sous son autorité, 2 villes, 5 bourgs, près de 200 communautés, totalisant ainsi une population globale de 42000 habitants !
C’est aussi durant cette période que furent octroyées les armoiries de la ville par Charles QUINT, armoiries dont on peut trouver une copie dans l’entrée de la mairie, et qui représentent « trois épis d’orge d’or posés deux et un sur fond bleu azur ».
Orgelet était donc une petite cité prospère fréquentée par de nombreux huissiers, juges, avocats, procureurs, qui formaient ainsi une population aisée. De même, elle sera un centre administratif très important avec la désignation d’un subdélégué par l’intendant de Besançon, et en parallèle un centre commercial également attractif grâce à l’installation d’artisans, tanneurs cordonniers, chapeliers... qui furent l’orgueil des habitants.
De plus, la ville était fière de son imposante fortification qui dissuadait les attaques des nombreux brigands ou voleurs. Dans cette fortification, était comprise l’église, ainsi que quelques tours. Malgré sa solidité, elle ne put résister aux attaques des armées royales, comme celles de Louis XI en 1479, Henri IV en 1595 ou encore Louis XIV en 1674, si bien que de la fortification, il ne reste plus que quelques tours que nous aurons l’occasion de voir durant cette visite.
Au 18e siècle, la ville prend un nouveau visage. En effet, des constructions intensives sont engagées, qui voient la naissance de l’Hôtel de Ville, du Couvent des Bernardines, de l’Hospice des Capucins ou encore de belles maisons bourgeoises qui existent toujours. Mais dès 1795, la ville n’est plus qu’un simple chef-lieu de canton.
Enfin au 19e siècle, la ville se développe grâce à l’agriculture, avec de nombreuses foires qui attirent acheteurs et vendeurs. Mais le déclin commence dès 1850 avec l’exode rural. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que la ville est redynamisée par l’administration, mais aussi par l’installation de nouvelles industries, notamment le bois, le plastique, l’électronique ou encore les entreprises de transport.
Rénovée et accueillante, Orgelet, « Petite Cité Comtoise de Caractère » compte aujourd’hui 1730 habitants.
Pour commencer notre visite, nous nous dirigeons tout d’abord sur la place de l’église où est édifié le grand bâtiment religieux surmonté de son clocher. Dédiée à Notre Dame de l’Assomption, dont la fête a lieu le 15 août, la construction de l’église commence au XIIIe siècle. Nous pouvons noter que cette église a une particularité. En effet, l’entrée de l’église est au nord, c’est à dire du côté de la ville et non à l’ouest, comme c’est le cas la plupart du temps. Comme je vous l’expliquais tout à l’heure, l’église faisait partie intégrante des remparts et se trouvait donc tournée du côté de la ville. L’église fût ensuite brûlée en 1606 par un incendie qui ravagea de nombreux bâtiments. Seul le beffroi fût épargné. On dut donc reconstruire. Le problème fut alors le financement. Grâce à des impositions spéciales et aux nombreux donateurs, les constructions commencèrent, dirigées par l’architecte dolois, Odot MAIRE; et se terminèrent en 1633. L’évêque Philippe Patornay, délégué de l’archevêque de Besançon vint y consacrer plusieurs autels. La nouvelle église prend alors son aspect actuel, c’est à dire une longueur de 46 m, une largeur de 32 m, une voûte d’une hauteur de 15 m et le grand beffroi de 55 m de haut.
La promenade des Petits Arbres était un des anciens cimetières d’Orgelet. Il y eut plusieurs transferts au fil du temps avec le Pré Cathelin. Puis, de nombreux platanes y furent plantés en 1848. Un monument aux morts des deux guerres mondiales y trouva ensuite sa place. De la promenade, nous apercevons la place du Colonel VARROZ, héros qui lutta pour la Franche-Comté pendant la guerre de Dix ans. Puis en direction d’Arinthod, nous apercevons la salle polyvalente et l’Hôpital Pierre FUTIN, hospices d’Orgelet.
Nous continuons notre visite et nous nous dirigeons maintenant vers la porte du Bourg de Merlia. C’était une des quatre portes de la ville. Celle-ci date du 14e siècle.
Sa particularité est la présence d’une maison surmontant la porte. En effet, au 18e siècle, un bourgeois de la ville demanda l’autorisation de construire un bâtiment au-dessus de la porte pour faciliter le passage de son jardin à la rue des Prêtres, que vous verrez tout à l’heure sur votre gauche. La construction de ce bâtiment a permis de rendre la porte plus solide et ainsi de la conserver. D’ailleurs, vous pouvez remarquer lorsque nous passons sous la porte, le bâtiment adossé à celle-ci et la marque de l’emplacement de la herse d’autrefois.
De même sur votre droite, vous pouvez apercevoir une tour qui montre le passage des remparts du 15e siècle.
Le bourg de Merlia est une place rectangulaire qui comporte deux rangées de maisons avec à votre gauche les communs des maisons bourgeoises et sur votre droite les demeures qui étaient édifiées sur les remparts de la ville.
En nous dirigeant vers le centre de la place, nous pouvons apercevoir un bâtiment qui sert aujourd’hui de salle de réunion. La Grenette était à l’origine une sorte de mare où s’abreuvaient les bêtes. Puis, elle fut un lieu d’exposition et de vente de grains lors des foires et marchés, à partir du 19e siècle. La place alors, devenait un quartier très animé, grâce à ses nombreux cafés.
Tout en longeant les maisons bourgeoises, nous arrivons à la hauteur de l’hôtel particulier de François BABEY, construit au 18e siècle. BABEY fut l’un des lieutenants généraux au bailliage. La perception de la ville y a depuis installé ses bureaux. Et sous l’une des voûtes fut insérée une pierre gravée aux armes de l’Espagne.
Le Casse-cou est en fait le nom de cette rue qui descendait autrefois au chemin public vers une ouverture dans les murailles. C’était un sentier étroit, c’est pourquoi les Orgelétains lui ont donné ce nom.
Pour continuer notre visite, nous nous dirigeons maintenant dans la cour du collège d’Orgelet. Et comme le disent les Orgelétains, nous nous trouvons « derrière les Soeurs ». Cette expression vient du fait qu’autrefois, avant de devenir un collège, ce bâtiment était un couvent, où se trouvaient des religieuses de l’ordre de Saint Bernard. Dans cette cour, nous apercevons une tour consolidée qui appartenait également aux quatre tours faisant partie des remparts du 15e siècle.
De la route, nous apercevons le quartier des Tanneries, lieu où étaient installés les tanneurs à partir du 17e siècle. Ils se trouvaient en dehors de la ville car la tannerie a besoin d’une source d’énergie très importante, l’eau. Or à cet endroit se trouve un ruisseau, le Gevin. De plus, la tannerie dégage de mauvaises odeurs, c’est pourquoi l’activité des tanneurs était tenue à l’écart.
C’est au 18e siècle que fut construit dans ce quartier l’hôpital d’Orgelet. La ville possède un hôpital dès le moyen âge, situé près de la porte du faubourg de l’Orme. Mais les Français l’incendient en 1637. La nécessité d’un hôpital pour la ville se fait cruellement sentir, mais la ville est criblée de dettes ! C’est finalement un religieux de Saint-Claude, Jean-François de MARNIX qui reconstruira à sa charge un hôpital, à partir de 1721. En 1730, les malades sont soignés par des religieuses envoyées de Saint-Claude. L’hôpital se compose de deux grandes salles, celle des femmes et celle des hommes, séparées par la chapelle, auxquelles s’ajoutent quelques chambres particulières.
Lorsque nous quittons la cour du collège, nous remontons la Rue des Boucheries où s’installèrent les bouchers à partir de 1637. Puis nous continuons et nous arrivons enfin à l’intersection de deux grandes rues : la Rue de la République et la Grande Rue. Nous commencerons tout d’abord par la Grande Rue qui se trouve à notre droite. Elle desservait autrefois un quartier agricole. C’est du bas de cette rue que débuta le « Grand Incendie de 1752 » qui ne s’arrêta qu’au-delà de l’Hôtel de Ville. Les causes de cette incendie sont incertaines : peut-être des braises maladroitement transportées chez un maçon. 122 bâtiments furent la proie des flammes en quelques heures.
Aucune victime ne fut à déplorer, mais les dégâts matériels furent importants. Malgré les difficultés, des vivres furent fournies, recueillies auprès des plus riches habitants de la ville, mais aussi dans les villes de la province jusqu’à Lyon ou même encore à Paris, où le roi Louis XV fit une « gratification » de 50 000 livres. On profite de la reconstruction pour apporter des modifications. On décide d’embellir la rue, de l’agrandir et de changer la couverture des toits avec des tuiles à la place des tavaillons par mesure de sécurité.
En descendant la Grande Rue, nous nous retrouvons devant l’entrée du Couvent des Bernardines. Nous pouvons tout d’abord remarquer la porte d’entrée avec son inscription « Saint Bernard » ordre auquel le couvent était affilié. Ce bâtiment était autrefois un édifice religieux, devenu par la suite le collège d’Orgelet. En entrant, nous pouvons voir une petite pièce qui servait d’accueil. Sur votre droite, l’endroit où les gens posaient leurs paquets, qui pouvaient être parfois des denrées alimentaires, mais aussi des enfants abandonnés. Sur votre gauche, il existait un parloir avec une grille où le peuple pouvait communiquer avec les religieuses. Les premières religieuses vinrent d’Annecy : elles étaient au nombre de six et logeaient dans deux maisons de la Grande Rue. Mais peu à peu, l’espace leur manqua, puisque leur nombre augmentait sans cesse. Ainsi au début du 18e siècle, elles décidèrent de faire construire un grand monastère. Dès le milieu du siècle, le monastère compte une quarantaine de religieuses issues de la localité, mais aussi de familles aisées d’autres villes de Franche-Comté et même de Bresse. Chargées, selon le traité de réception, d’enseigner aux jeunes filles d’Orgelet, les Bernardines s’y sont pourtant toujours refusé.
Lorsque nous ressortons du monastère des Bernardines, se trouve sur notre droite la chapelle des Bernardines et son remarquable portail classé monument historique, sa façade élégante, d’ordre toscan. Cette entrée est celle des personnes venant de l’extérieur. Les religieuses y avaient accès directement par une pièce qui communiquait avec le monastère.
En redescendant la Grande Rue, à l’entrée de la rue de la République, nous apercevons une ancienne fontaine où arrivaient les eaux de Plaisia. C’était d’abord la seule fontaine de la ville, et donc autrefois un lieu de rencontre pour les habitants de la ville.
A l’arrière de la fontaine, nous apercevons une petite rue montant sur la droite. Elle était au moyen âge appelée La rue des Juifs car c’est là que ces derniers pratiquaient leurs opérations de prêt ou de change. Y vécurent également des Italiens de diverses origines, notamment des lombards. Toute cette population étant peu considérée, on fermait l’entrée de la rue le soir. Par la suite, la rue abrita des tisserands, d’où son nom actuel.
Arrêtons nous maintenant, devant la maison n° 5 de la rue de la Tisserie car dans cette maison, eut lieu un mini-événement toutefois plaisant à raconter. En effet, en 1810, un étudiant italien, nommé Giovanni Maria Mastai Ferreti, appelé à joindre les armées de Napoléon, fait étape à Orgelet. Ses chaussures n’ayant plus de semelles, il doit s’en procurer d’autres. Il se rend alors dans cette maison, au n° 5, où se trouvait autrefois un cordonnier. Jusqu’ici, cette histoire semble bien banale. Mais il se trouve que ce jeune client anonyme devint le pape PIE IX en 1846. Aussi, tout au long de son pontificat, Sa Sainteté ne cessa-t-elle, paraît-il, de vanter la qualité de son achat orgelétain auprès des Jurassiens qu’il recevait à Rome.
En continuant notre visite, nous arrivons dans la rue de la République qui s’appelait autrefois la rue de la Fontaine. Et nous faisons une halte maintenant devant la maison, qui porte le numéro 19. Car un autre événement se passa dans cette maison, tout aussi plaisant et auquel les Orgelétains tiennent peut-être d’avantage. En effet, ici, naquit Guillaume ROUSSEL, plus connu sous le nom de Cadet ROUSSEL, en 1743. Il ne passa que sa jeunesse à Orgelet, puis s’installa à Auxerre,où il devint huissier et se maria. Un jour son ami CHENU écrivit une chanson se moquant gentiment de lui et de ses excentricités. Au début, cette chanson ne dépassa pas la localité, mais les volontaires et les soldats auxerrois commencent à la fredonner. Ils la portèrent dans l’armée du Nord où elle devint par la suite un chant de guerre. C’est ainsi que Cadet ROUSSEL gagna sa popularité. Il mourut en 1807.
En face de cette maison, nous apercevons une belle demeure avec un joli balcon en fer forgé. Gaspard PIDOUX, riche notaire d’Orgelet au 19e siècle en était le propriétaire. La ville lui doit d’avoir été épargnée par les troupes prussiennes au moment de la chute du premier empire, en janvier 1814.
En remontant la rue de la République, nous apercevons sur notre droite un bâtiment autrefois appelé « maison du Roi ». A l’origine, il s’agissait de la maison DAGAY, où étaient logés les officiers du bailliage de la ville. Mais mal installés, ils demandèrent la construction d’un autre bâtiment, à l’emplacement même de l’ancienne maison Dagay.
Les travaux s’achevèrent en 1715 et le bâtiment comporta désormais une salle de justice, ainsi que le cabinet du maire. La municipalité avait tenue jusque là ses réunions dans la tour carrée de la place au Vin, qui deviendra à cette époque collège de garçons. Les arcades de l’hôtel de Ville abritèrent jusqu’en 1830 le marché aux grains. La maison située à l’arrière servait de maison d’arrêt et de prison.
La Place située devant l’Hôtel de Ville s’appelait autrefois la Place du Marché, lieu où avaient lieu les marchés et expositions de volailles, de poissons, d’œufs ou encore de fruits. Après la Révolution, elle prit le nom de la Place Saint Louis, puis son nom actuel, Place des déportés, car à cet endroit, le 11 juillet 1944, furent réunis par les troupes allemandes de nombreux otages, dont certains moururent dans les camps de concentration.
Cette rue monte à l’emplacement de l’ancienne forteresse qui appartenait aux Barons de Chalon, vassaux des Ducs de Bourgogne.
Au sommet de ce mont a été mis au jour un carrelage vernissé tout à fait remarquable, datant du 13e siècle, et aujourd’hui exposé dans une des chapelles de l’église.
De chaque côté de cette rue descendaient les premiers remparts du 13e siècle, pour aboutir de part et d’autre de l’église. Mais Orgelet se développa rapidement, attirant de nombreux hommes de justice ou encore des artisans. La population s’installa alors à l’extérieur des remparts devenus trop étroits. Pour protéger également cette population, la ville construisit de nouveaux remparts au 15e siècle, longeant cette fois le Boulevard des Bernardines et la rue des Fossés.
Nous continuons notre visite en passant par la rue du Commerce. Elle tient son nom de sa position centrale, où sont situées depuis toujours l’essentiel des boutiques de la ville. La rue se terminait par une des quatre portes monumentales de la ville, la porte des Ormes ou porte du Faubourg, abattue en 1774, pour faciliter l’entrée dans la ville.
Au bout de la rue du Commerce, nous arrivons à la Place MARNIX. Elle était appelée autrefois Place du Maisel, puis Place de la Vieille Boucherie, car les boucheries s’y étaient installées jusqu’à la guerre de Dix ans et l’incendie de 1637. Elle devint ensuite Place MARNIX, en souvenir de Jean François de MARNIX, bienfaiteur de la ville, qui fut à l’origine de la construction de l’hôpital Notre Dame, et également de l’hospice des Capucins.
En continuant notre visite, nous arrivons Place de l’ancien Collège, appelée auparavant Place des Puits, car il existait autrefois un puits public.
Depuis le 16e siècle, Orgelet, comme la plupart des villes d’importance en Franche-Comté, possède son collège. N’ayant pas les moyens de construire un bâtiment neuf, la municipalité loue d’abord des pièces à des particuliers, pour accueillir les fils de bourgeois et autres habitants de la ville. Ce n’est qu’en 1715 que le collège s’affranchira de ces conditions précaires, en s’installant dans la tour carrée de la Place au Vin, jusqu’alors occupée par la municipalité. Mais après le refus des prêtres, qui enseignaient aux jeunes Orgelétains, de prêter serment à la Convention en 1791, le vieux collège est désorganisé.
La Place au Vin fut appelée ainsi car c’était le lieu où se vendaient les différents vins du Jura. La place était alors bondée d’étrangers qui venaient pour plusieurs jours s’approvisionner. Aussi décida-t-on d’aménager les demeures de la place pour en faire des hôtels. C’est là, devant la principale porte de la ville, qu’étaient reçus les personnages importants venus en visite.
La Place au Vin fut le théâtre de plusieurs anecdotes. Le 25 octobre 1754, une troupe de 70 à 80 cavaliers investit la place. Le célèbre contrebandier Mandrin fait halte à Orgelet. Aussitôt, les prisons sont ouvertes, le bâtiment de la ferme est bien sûr mis à sac et les habitants d’Orgelet sont invités à se fournir en marchandises de toute sorte, volées lors des expéditions de Mandrin et sa bande. Mais celui-ci fut pris et brûlé vif à Valence l’année suivante.
Douze ans plus tard, une troupe de musiciens ambulants se présente sur la place au Vin. Les Orgeléetains se prennent de sympathie pour un petit garçon de 6 ans, cymbalier déjà plein de talent. On apprendra par la suite que cet enfant vient de Lons le Saunier ,mais qu’au passage de la troupe à Montaigu, petit village à côté de Lons où il est en vacances, il a échappé à la surveillance de ses parents et fait fugue. Le père, alerté et angoissé réussit à rejoindre à Orgelet son petit garçon prénommé Claude Joseph ROUGET, bientôt plus connu sous le nom de Capitaine ROUGET de LISLE, compositeur de la Marseillaise.
A l’entrée de cette rue se trouvait une des portes de la ville, appelée Porte de l’Orme. Elle fut par la suite abattue, car elle gênait la circulation et l’entrée de la ville.
En longeant la rue, nous arrivons près d’une maison, autrefois un hospice appelé l’Hospice des Capucins. En effet, après 1720, les Pères Capucins s’y installèrent pour confesser, prêcher et faire des visites. Un généreux bienfaiteur s’engage alors à payer les frais de terrains et de bâtiment. Cet homme n’est autre que Jean-François de Marnix qui fut également à l’origine de l’Hôpital d’Orgelet. L’hospice fut ensuite converti en habitation dont le propriétaire est actuellement la famille BEL, des industries fromagères Bel.
A notre gauche, nous avons la promenade de l’Orme. A l’origine des ormes étaient bien plantés, mais ils furent par la suite remplacés par des tilleuls, car ils étaient devenus trop vieux et dangereux. C’est toujours la place où l’on célèbre la fête patronale, chaque 15 août. Elle était fêtée depuis les temps anciens avec beaucoup de ferveur et de joie. Après l’office religieux, suivi d’un repas de fête bien sûr terminé par la fameuse « galette au goumeau », avaient lieu la procession à la Madone, puis le concert « sous l’Orme » et le bal villageois accompagné du brouhaha des manèges.
En continuant notre visite, nous longeons la rue de la Vallière qui, en suivant la muraille de la maison occupée il y a encore peu de temps par des religieuses Ursulines, nous ramène vers l’église.
Nous pouvons apercevoir au coin de la rue Traversière une fontaine, qui était autrefois sur la Place au Vin, puis qui fut transférée à cet endroit en 1832.
A droite de la rue, nous apercevons les quartiers neufs de la ville construits après la seconde guerre mondiale.
Nous rejoignons l’église en longeant une partie de la route départementale n°470, également appelée rue des Fossés, en souvenir de ceux qui bordaient les remparts, il y a plusieurs siècles. Dans cette rue circulait, il y a encore 50 ans, le « tacot » reliant Lons le Saunier à Arinthod, tramway à vapeur appelé également le « Petit Train ». Après de longues années d’étude, il fut créé et mis en service en 1898. Il comprenait des voitures de première et deuxième classe et transportait les voyageurs et les marchandises notamment du bois, des métaux, du bétail ou encore des denrées alimentaires. Mais le trafic cessa définitivement en 1948, à cause de la concurrence de la route (expansion des moyens de locomotion). Les rails furent arrachés par la suite, la gare détruite au début des années 80, et aujourd’hui le « Petit Train » n’est plus qu’un souvenir.
Guillaume Roussel habitait en 1743 Orgelet, où il était alors cavalier de la Maréchaussée, et époux de Marie Pierrotte Girard. La famille Girard était de longue date d’Orgelet. La famille Roussel probablement de la région Orgelétaine, où l’on compte beaucoup de familles de ce nom.
Les époux Roussel-Girard eurent un premier enfant : Claude-Antoine, né à Orgelet le 18 avril 1741, issu de leur mariage, toujours à Orgelet, le 24 novembre 1740. Puis, un deuxième enfant naquit le 30 avril 1743, prénommé Guillaume-Joseph, qui se trouva donc être le « cadet ». Baptisé le jour même, il eut pour parrain Guillaume Joseph Baud, et pour marraine Anne-Marie Jacquin.
La maison des parents Roussel était une petite maison située dans la rue de la République actuelle, en face de la perception, et qui a sans doute été remaniée à plusieurs reprises depuis cette époque.
Guillaume Joseph Roussel figure le 27 juillet 1761 comme parrain de Jean-Baptiste Roussel, fils de Claude-Antoine, baptisé à Orgelet.
C’est également en 1761, le 3 juin, que par acte reçu par Maître Geneaud, notaire à Orgelet, Guillaume Roussel père vend une maison lui appartenant à Orgelet. Il décède avant 1773, puisque Pierrotte Girard est veuve à cette époque et est allée habiter à Paris avec son fils Guillaume Joseph. Ils logent rue de la Chauverie, où elle donne procuration par acte reçu par Maîtres Bevièze et Doussaut le 22 avril 1773, pour vendre encore une maison leur restant à Orgelet. Le fils aîné habite lui aussi à Paris désormais, en tant que cuisinier.
Nous ignorons tout de la vie de Cadet Roussel jusque là. Il y avait eu des huissiers dans la famille. Avait-il travaillé chez l’un d’eux, ou eut-il l’occasion de travailler chez un huissier d’Auxerre ? Il fut agréé comme huissier audiencier au bailliage et résidait à Auxerre le 15 mars 1780. Il fourmillait d’idées originales. Il avait épousé antérieurement une nommée Jeanne Serpillon, originaire d’Arleuf, dans la Nièvre, qui avait 16 ans de plus que lui, mais bien dotée et qui lui fournit la possibilité d’acheter le greffe d’Auxerre. Dans une seconde étape, il acheta le 17 août 1781 une petite maison biscornue, actuellement place Fourier, à laquelle il ajouta encore une construction de 20 pieds sur 8, en forme de loggia, au-dessus de l’entrée d’un vieux porche. Sa maison prêtait à rire…
Cadet Roussel se retrouve veuf en 1803 et se remarie avec la nièce et héritière de sa première épouse : Reine Baron, âgée de 23 ans de moins que lui. Ceci compense cela…
A la levée des bataillons d’Auxerre en septembre 1792, le besoin d’une chanson de marche se fait sentir. Elle est composée par le chevalier du Chenu du Souchet, poète satirique déjà âgé, sur l’air de Jean de Nivelle, dans laquelle il ajoute sans doute quelques exagérations aux extravagances de Cadet Roussel.
Cadet Roussel se signale, à cette époque, par son zèle jacobin, mais le 10 octobre 1792, le comité de surveillance de la commune d’Auxerre et le 13 octobre, la société populaire s’en prennent à lui, et un jugement du tribunal criminel du même jour le suspend, jusqu’à ce qu’il rapporte un certificat de civisme… Cadet Roussel rétablit cependant sa situation, puisque c’est lui qui organise les festivités de la déesse Raison, le 30 décembre 1792, et le 1er mai 1793, il est membre du Comité de Salut Public de la commune d’Auxerre, émanant du Comité de surveillance de la Convention.
Survient le 9 thermidor (27 juillet 1794) : arrêté le 23 fructidor (9 septembre 1794), il ne sort de prison qu’avec une amnistie du 19 vendémiaire an IV.
Cadet Roussel mourut le 26 janvier 1807, à Auxerre. Sa veuve se remaria le 1er décembre 1813 à Louis Haute Cœur.
Un collège itinérant (XVIe siècle – 1715)
Fondé au XVIe siècle pour instruire et éduquer les garçons, le collège occupe divers locaux selon les possibilités de location. Modeste établissement, avec une ou deux classes selon les circonstances.
Le collège dans l’ancien hôtel de ville (1715-1802)
Le collège s’installe en 1715 dans la tour de la place au Vin et la maison attenante, ancien hôtel de ville, libéré par la construction du nouveau au pied de la rue du Château.
Bon développement dans une période de paix et de progrès, jusqu’à trois classes de latinité et une petite classe d’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Les professeurs ou régents sont souvent des prêtres qui peuvent enseigner le latin et célébrer la messe journalière.
Pendant la Révolution, les prêtres, tous réfractaires, n’étant pas admis à enseigner, le collège connaît de grandes difficultés.
Le collège dans les locaux des Bernardines (1802-1848)
Les Bernardines venant d’Annecy, appelées par la municipalité, arrivent en 1652. Renvoyées par l’archevêque, elles reviennent en 1653, pour prendre possession des maisons et terrains que leur offre la municipalité, à l’emplacement actuel.
De 1707 à 1716, elles font construire un grand monastère sur les plans de Dom Duchesne, de Besançon, religieux architecte. Ce sont des religieuses cloîtrées.
Elles découragent la municipalité qui espérait qu’elles enseigneraient gratuitement les jeunes filles.
Elles quittent le monastère en 1792. Pendant cette période révolutionnaire, leurs bâtiments deviennent maison de détention des suspects, puis servent de magasins militaires.
La chapelle est utilisée par la société populaire.
A partir de 1795, tout reste dans l’abandon.
En 1802, création d’une école secondaire (nouveau nom du collège) dans les bâtiments abandonnés des Bernardines : trois professeurs, puis quatre en 1809, internat florissant.
En 1810, se joint l’école primaire des garçons.
En 1812, s’installe avec l’école secondaire, l’école ecclésiastique du département du Jura.
En 1824, la municipalité, par souci d’économie, concède les bâtiments au diocèse pour un petit séminaire, qui servirait aussi d’école secondaire ou collège, pour les jeunes garçons d’Orgelet. Elle n’aura plus à payer les professeurs, à entretenir les locaux.
De 1826 à 1828, installation provisoire du grand séminaire, qui rejoindra Lons le Saunier quand les bâtiments des Cordeliers seront aménagés.
Le petit séminaire quitte plus tard Orgelet pour Vaux sur Poligny et dès lors il n’y a plus d’enseignement secondaire.
D’autres écoles aux Bernardines (1848 à nos jours)
Vers 1850, installation d’une école supérieure communale avec internat.
Sous la Troisième République, écoles primaires de garçons, de filles, maternelle. Coupure du cloître pour isolement filles/garçons. L’école de garçons s’adjoint un cours complémentaire.
Vers 1904, ce cours complémentaire devient mixte.
De là le nouveau collège… restauré en totalité et remarquablement en 1987/1988, l'ancienne chapelle abritant aujourd'hui la médiathèque intercommunale.