Historique
Au Vème siècle a lieu la fondation de Condat (St Oyend puis St Claude) par Romain et Lupicin venus d'Izernore. L'essaimage donne au VIème siècle le prieuré de St Georges dans la plaine de la Thoreigne.
Au IXème siècle l'église de St Christophe est attestée. Puis viennent les églises de Sarrogna, Dompierre.
Qu'en est-il d'Orgelet ?
1. L'église médiévale.
La population utilise la chapelle castrale jusqu'au début du XIIIème siècle. On sait qu'en 1231 celle-ci est désaffectée et sert de halle à grains.
En 1275 existe une paroisse à Orgelet avec un groupe de prêtres (familiarité) qui choisit parmi eux leur vicaire perpétuel ou curé. Cette familiarité est approuvée en 1406.
La seule trace visible de cette église est une voûte romane en plein cintre se trouvant dans le mur est de la chapelle Ste Barbe.
2. Les apports du XV° siècle.
A partir de 1450 on construit les chapelles nord adjointes à l'église médiévale. Cela correspond à tout ce qui est couvert de laves. En effet que le dessin des fenêtres de ces chapelles n'est pas le même que celui de la baie du transept construit presque 200 ans plus tard. Des terriers (registres seigneuriaux) de 1455 et 1522 décrivent «une belle et spacieuse église parrochial faicte et construite à l'honneur et révérance de Notre Dame. Et est ladicte église joignant et faisant déffance avec les murs de ladicte ville à la partie devers vent.» C'est à dire que l'église fait partie des remparts comme à Nozeroy autre possession des comtes de Chalon. Ce qui explique la position inhabituelle du porche d'entrée situé au nord du côté de la ville. Les remparts s'encraient dans les murs de l'église.
L'église d'aujourd'hui : tout début du XVII° siècle
En 1606 un incendie détruit 52 maisons et l'église. Seules les chapelles du XVème siècle et le clocher sont conservés.
De 1612 à 1627 la reconstruction est dirigée par Odot Maire de Dole (qui à cette époque élève le clocher de Saint Amour). De là les ressemblances que nous verrons à l'intérieur avec plusieurs monuments dolois :
C'est l'édifice que nous voyons actuellement (sauf la toiture du clocher beffroi modifiée trente ans plus tard et le porche légèrement modifié au XVIIIème siècle). C'est un vaste vaisseau de 46 m de long avec un transept de 32 m, largement débordant, le tout sur une hauteur de plus de 15 m (dimensions intérieures). En 1633 l'église est consacrée par l'évêque Philippe Patornay.
Malheureusement suit presque aussitôt la guerre de dix ans (1636-1644) entre la France et l'Espagne. Dès 1637 ont lieu les premières dégradations par les soldats du duc de Longueville qui brûlent Orgelet. Puis en 1639 une partie de la charpente du clocher s'écroule et la flêche tombe. Les voûtes de la nef et des chapelles sont endomagées. 1644 marque la fin de la guerre et les premières réparations.
En 1655 Claude Rémond de Cousance pose une horloge.
En 1658 on édifie le dôme et le lanternon ce qui porte la hauteur totale à 55 m et nous donne l'aspect actuel de l'édifice. On ne peut s'empêcher de songer aux générations d'Orgelétains qui ont comtemplé les cinq bandeaux qui rythment sans monotonie l'élevation de la tour, à la fois clocher et beffroi, les éléments l'ornant sobrement, en particulier la tourelle d'escalier adoucissant l'angle sans rien enlever à la rigoureuse verticalité, la galerie, le dôme et la lanterne. Combien d'yeux ont admiré le cadran en bois peint et, bien sûr, à aiguille unique (en horlogerie la deuxième aiguille n'apparaît qu'à la fin du XVII°). Combien de vies ont été rythmées par les sonneries des cloches s'échappant des baies gemminées du cinquième niveau.
En 1674, au cours de l'ultime conquête par Louis XIV, l'église souffre : lors de combats des français s'y sont réfugiés et l'on se bat à l'intérieur même. Toutefois les dégâts sont peu importants mais l'horloge est emportée.
En 1684 est placée une nouvelle horloge due à Jean Claude Mayet de Morbier. C'est, rénové bien sûr, le mécanisme que l'on peut admirer dans le hall de l'hôtel de ville.
Depuis presque 350 ans l'aspect extérieur de l'église n'a pas changé sauf le porche d'entrée avec l'ajout au XVIII° siècle d'un lourd encadrement intérieur qui casse l'harmonie du jeu de baguettes flamboyant du XV°. Noter l'absence de tympan et les deux niches privées de leur statue.
L'intérieur
1. Le narthex.
Il faut noter deux particularités. La première est que l'on pénêtre dans l'édifice par une porte latérale, la disposition classique d'une église, ouverture à l'ouest dans l'axe de la nef n'a pas été respectée car le seul accès possible était au nord à l'abri des remparts. En 1716 l'archevêque Francis Joseph de Gramont a bien demandé que fut ouvert une porte au bas de la nef afin d'embrasser d'un seul coup d'oeil la beauté de l'édifice, le projet n'a pas été réalisé faute d'argent ou à cause du problème posé par la tribune de l'orgue. La seconde particularité est que l'on descend dans le narthex.
Les récents travaux de restauration lui ont redonné son aspect d'origine en enlevant des ajouts disgracieux du XIXème siècle et en mettant en évidence une porte du XVème aux belles moulures abritant une immaculée conception en bois doré. Le confort de l'édifice a été grandement amélioré par l'installation d'un vitrage séparant séparant la nef et de déhumidificateurs soustrayant le batîment aux méfaits d'une humidité persistante.
2. La nef.
Dans la nef on découvre la construction : 5 travées principales auxquelles s'ajoutent à l'ouest celle de la tribune de l'orgue et à l'est un choeur clos par une abside à trois pans. La nef est bordée d'étroits collatéraux qui sont raccordés au nord aux chapelles préexistantes du XVème. Par contre au sud les chapelles ont été construites avec l'ensemble du début XVIIème.
Le transept, large est débordant, comprend deux travées à chaque bras. Il est pratiquement au mileu du vaisseau et, par l'ampleur de ses proportions, il équilibre celles de l'axe principal et affirme hautement le plan cruciforme de l'église. L'élévation de l'ensemble est étonnante. Dans les deux travées qui précèdent et les deux travées qui suivent le transept, les bas-côtés portent des galeries interrompues par celui-ci mais réunies à à l'ouest par la tribune. A chacun des quatre angles un escalier tournant donne accès à ces parties hautes.
Les piles, de section presque carrée, recoivent sur de simples moulures les deux étages d'arcades et sur des culots modestes les voûtes d'ogive des bas côtés. Face à la nef et au transept, chaque pile est flanquée d'un maigre pilastre couronné par un chapiteau composite qui reçoit la retombée des arcs portant la voûte centrale, la base des arcs formerets se noyant dans dans le mur. Nef, transept, tribunes sont tous voûtés d'ogive simple. Par contre dans l'abside ce sont des colonnettes d'angle surmontées de chapiteaux dans le goût renaissance qui recoivent un réseau compliqué d'ogives de liernes et de tiercerons. Aucune clé n'est sculptée. Les fenêtres de l'abside, du transept et celle de l'ouest sont de forme semblable aux proportions médiévales mais de dessin classique
Ainsi se marient deux styles : gothique pour la structure et classique dans les ornements. Cette note de classicisme est accentuée par la ballustrade qui borde les galeries, ballustrade scandée régulièrement par des niches à fronton. Notez, qu'au niveau du transept, la ballustrade a été construite plus tard sur des arcades surbaissées. Celle du bras nord, dégagée de son plâtre est révélatrice : on l'a posée entre les piles sans pénêtrer dans leur maçonnerie sans doute pour les étayer. L'ensemble est d'aspect un peu sévère et quelque peu écrasé par la présence des tribunes. Le caractère composite de l'ensemble ne l'empêche pas d'être homogène, l'unité étant accentuée par deux facteurs : le premier est la ballustrade des galeries prolongée sur les deux bras du transept et faisant ainsi croire à une galerie continue sur les deux longueurs et la largeur ouest où elles sont réunies par la ballustrade de la tribune de l'orgue; le deuxième est donné par les moulures répétées à trois étages : arcades inférieures, arcades supérieures, ogives et doubleaux de la nef, moulures accusant par leur même profil une uniformité quelque peu monotone.
C'est une grande oeuvre solide dont on a souligné l'architecture avec les nouveaux décors peints dans une harmonie colorée d'ocre doré des murs et de gris des arcs se détachant sur le blanc des voûtes. Les longs luminaires filiformes modernes dispersent un éclairage dynamique mettant encore plus en valeur la sobre beauté des lieux. Enfin, en hauteur et dominant l'assemblée, la poutre de gloire portant un calvaire (Vierge et St Jean) a retrouvé sa place initiale. Il avait été installé provisoirement dans le bras gauche du transept. A la croisée du transept, un nouvel espace de concélébration a été installé. Le prêtre officie face aux fidèles suivant la réforme liturgique de Vatican II. Il est en pierre de Lignière et s'intègre de façon élégante dans l'édifice mais présente de nombreux inconvénients pratiques avec sa rotonde légèrement inclinée. Par contre son emplacement à permis que le choeur initial ne subisse aucune altération.
3. Le choeur.
Il est pavé d'un dallage en brocatelle de Molinges, fermé par une grille en fer forgée datée de 1749, bordé de deux rangées de stalles exécuées en 1716 et surmontées du panneau CHORUS désignant le prêtre ayant à chanter l'office. Notez les boiseries à colonnes et pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques. Les vitraux représentent la vierge patronne de la paroisse et les saints Pierre et Paul. Ils datent de 1879 comme ceux du transept. Les deux tableaux représentent l'un le roi David et sa harpe, l'autre sainte Cécile patronne des musiciens. En levant les yeux, on peut remarquer la position incertaines des claveaux à leur encrage sur la clé de voûte, imperfection due sans doute à des problèmes d'appareillage lors d'une reconstruction après sinistre.
Enfin on admirera parmi les plus beaux objets mobiliers de l'église le lutrin en bois sculpté du XVIIème représentant l'aigle à deux têtes couronnées et aux ailes déployées emblème du St Empire romain germanique dominant le monde. Ce qui peut paraître surprenant c'est qu'il est postérieur à la conquête francaise.
4. L'orgue.
A l'opposé du choeur, au fond de la nef, rompant la continuté de la ballustrade des tribunes, se trouve un orgue placé là en 1724 par Marin Carrouge d'Ornans. Il avait été préalablement installé par un facteur inconnu du XVIIème dans un jubé (détruit depuis) qui surplombait le choeur. Il a été construit pour cette église comme en témoigne les trois épis d'or qui ornent le buffet, rappel des armoiries d'Orgelet qui sont d'azur aux trois épis d'or.
Bien que de dimensions modestes (un seul clavier, pédalier à la française) il est plein d'intérêt car il conserve une bonne partie de son matériel primitif notamment les tuyaux de métal de la façade. C'est le plus anciens des orgues en service dans le Jura. Il a été l'objet d'une réfection en 1765 par le célèbre organiste suisse Samson Scherrer et reste le seul témoin en France des oeuvres de cet artiste. D'importants travaux d'aménagement ont été effectués en 1987.
5. Les chapelles latérales nord.
La chapelle Sainte Barbe, ainsi nommée à cause du tableau représentant cette jeune et belle sainte patronne des architectes et des gens de feu, vêtue d'une cape rouge et tenant en sa main droite la palme du martyre et en sa main gauche un glaive.A l'arrière plan deux scènes de supplice et la tour dans laquelle elle aurait été enfermée par son père à cause de sa foi.
A l'opposé, un fragment de rétable daté du XVIIIème, couronnement de la vierge en bois peint de forme semi-circulaire. Il provient du couvent des Bernardines ainsi que les boiseries du fond de la chapelle.
Mais l'intérêt de cette chapelle est sa mise en valeur dite "archéologique". Lors de la dernière restauration on y à fait des travaux de mise à jour d'une part, sur le mur est, d'une grande ouverture en plein cintre sans doute partie intégrante de l'édifice du XIIIème siècle, d'autre part, sur le pied de gerbe sud-est des arcs formerets, des décors successifs de l'édifice soit en partant du bas vers le haut:
A côté, dans le collatéral, un autel que surmonte un rétable contenant un tableau des coeurs de Jésus et Marie daté de 1740 et dû au peintre Grandon.
La chapelle Ste Anne a été choisie pour y reconstituer à titre de témoin du passé les décors de l'église en 1776 dont on a une description précise dans les registres municipaux d'alors : ensemble reblanchi à la chaux, arêtes contours et arceaux de voûtes peints en ocre rouge et jaune, faux appareillage de pierre et surlignage des arcs par un filet ocre doré. Il existe un témoin d'origine à droite de la fenêtre. L'impression de lourdeur donnée par cette reconstitution à conduit à traiter les autres chapelles de façon plus allégée et sans aucun filet.
Le tableau du peintre salinois Adrien Richard représente Ste Ombeline, soeur de St Bernard. C'est une des rares sinon unique représentation de cette sainte qui épousa un noble bourguignon et mena une vie mondaine avant de se convertir.
La chapelle suivante dans le bras gauche du transept est dite chapelle d'Ecrilles car les ancien seigneurs de ce lieu y ont leurs sépultures. En témoigne la belle dalle d'enfeu tombe de Loys Morel et de Jeanne d'Oyselet. Les visages et les mains en métal précieux ont été sans doute pillé. Deux autres dalles funéraires ont été dressées, l'une d'un bourgeois du XVI° siècle, l'autre de l'abbé Darud vicaire perpétuel au XVII° siècle. Aux murs trois tableaux : à l'est une assomption, à l'ouest à gauche un St Joseph, à droite un St André, patron de la Franche Comté.
6. Les chapelles latérales sud
La première chapelle est appelée St Vincent de Paul car le saint est représenté sur le vitrail tenant dans ses bras un enfant qu'il a sauvé. A sa gauche la vierge, à sa droite Ste Anne. En 1683 des dames de la bourgeoisie d'Orgelet se font appeler Dames de la Charité et en font leur chapelle en prenant le saint comme patron. Un tableau rappelle cet évènement. En face un ange gardien par Adrien Richard.
La chapelle suivante est dite de St Antoine ermite. Un petit tableau le montre âgé, seul dans le désert, les yeux fixés sur un livre ouvert : la règle d'austérité qu'il a édictée. A l'opposé une très belle toile de la vierge à l'enfant par A Richard. Au vitrail même sujet.
La troisième chapelle est dénommée Notre Dame de Grâces car affectée à l'époque à une confrérie portant ce nom et créée par l'abbé Philippe Dronier à la suite d'un voyage à Rome en 1683. Au mur un tableau de facture naîve représentant une Nativité de la Vierge.
Avant de finir dans le bras sud du transept, nous prêterons attention à la grande chapelle proche du coeur. C'est la chapelle des Saints Crépin et Crépinien cordonniers et martyrs, patrons des gens du cuir. A Orgelet ville de tanneurs et de cordonniers, la confrérie était des plus actives et peut être des plus aisées comme en témoigne les boiseries et le tableau des deux saints enserré dans un grand rétable de bois à colonnes cannelées.
A côté de cette chapelle, dans le bas côté, un autel en bois avec son rétable sculpté encadrant un tableau évoquant le rosaire où l'on voit la Vierge offrant un chapelet à St Dominique et l'enfant Jésus en ofrrant un à Ste Thérèse d'Avila.
Nous terminerons dans le bras sud du transept par la chapelle St Nicolas nom dû au fait qu'on y enseignait le catéchisme aux jeunes garçons alors que les jeunes filles étaient accueillies dans l'autre bras du transept. Au vitrail est représenté St Louis de Gonzague (1568-1591) patron de la jeunesse; Sur le mur est, un St Paul de Burlet daté de 1840; le visage est grave, sa main droite tient le glaive symbole de son combat, sa main gauche un grand livre symbole de la science. A gauche un St François, à droite un St Séverin.
Mais le grand intérêt de cette chapelle est le magnifique carrelage médiéval qui y a été exposé :
7. Le carrelage médiéval
Il a été découvert en 1975 lors des fouilles du château. Il constituait sans doute le sol de la salle d'audience du château des seigneurs d'Orgelet. C'est le plus magnifique témoin de la forteresse qui dominait Orgelet et un inestimable ouvrage d'art. Il est daté de la fin du XIIIe siècle. Il comprend environ 3000 carreaux et couvre à peu près 50 m2. Le carrelage primitif a subi deux réparations, en bas à droite et en haut à gauche.
Le dessin du carrelage.
Le dessin consiste en bandes parallèles alternativement larges (5 bandes) et étroites (6 bandes, la sixième ne présentant plus que des traces) séparées par des lignes de carreaux ornés. Dans chaque bande les carreaux sont disposés en diagonale alors que les carreaux des lignes de séparation sont à angle droit. Dans chaque bande, sont distribués des tapis losangiques comportent 16 carreaux ornés pour les bandes larges et 4 carreaux ornés pour les bandes étroites. Ces carreaux ornés de couleur rouge-vif à dessin blanc-jaunâtre sont mis en valeur en étant enchassés dans un fond plus sombre constitué de carreaux unis brun violacés. Les lignes séparatives de carreaux ornés se répondent de part et d'autre des bandes étroites. Chaque tapis et chaque ligne séparative sont en général composés de carreaux ornés de même type. Enfin la disposition en losanges étirés en longues bandes ne va pas sans rappeler la disposition des médaillons dans les vitraux.
Description des carreaux.
A l'exception d'un type rectangulaire, tous les carreaux unis ou ornés sont carrés et de même taille (11,5 à 11,9 cm de côté). Ce sont des oeuvres artisanales dont la régularité géométrique est loin d'être parfaite. Il y a jusqu'à 4 % d'écart de taille.
Les carreaux unis ne servent qu'à mettre en valeur les carreaux ornés. Leur seule originalité est que de nombreux exemplaires sont partagés par une rainure diagonale permettant d'obtenir facilement des demi-carreaux pour la pose en diagonale. Ces demi-carreaux n'existent pas dans les formes ornées.
Les carreaux ornés du carrelage primitif comportent 20 types de motifs différents :
1- Fleur de lys cantonnée de quatre points et encadrée. Groupés par quatre en bouquet centrifuge.
2- Lion de Bourgogne couronné rampant sur semis de billettes.
3 et 4- Dragon à gauche à une corne, dragon ou basilic à droite à deux cornes, tous les deux dans un médaillon dentelé avec motifs végétaux aux angles.
5- Croix celtique en diagonale recoupant un anneau, cantonnée de 2 étoiles pointées (8 et 11 branches) et de deux rosettes à 6 pétales posées en opposition.
6- Croix évoquant la croix de fer, cantonnée de 4 demi-quatre-feuilles.
7- Losanges bicolores imbriqués.
8- Entrelacs formés de 3 quarts de cercle à deux brins. La réunion de plusieurs carreaux évoquent des motifs de vannerie.
9 et 10- Quart de rosace avec un angle l'un à motif végétal formé de deux feuilles issues d'un trefle l'autre d'un trilobe accosté de deux anneaux. Groupés par quatre ils forment une rosace complète à trois zones concentriques. Dans l'un : étoile à 8 rais inscrite dans un double cercle, frise dent de loup, feston formé alternativement de pique et de motif à 5 lobes. Dans l'autre : un fleuron à 8 pétales, frise végétale, feston de monstres dos à dos dont les queues s'entrelacent.
11- Rinceau de bordure à feuilles d'érable entre deux bandes unies sur carreau rectangulaire (14,9 sur 10 cm).
12-13-14-15- et 16-17-18-19- Quatre carreaux s'assemblent pour reprsenter soit le sire de Chalon galopant vers la droite soit le comte de Bourgogne galopant vers la gauche présentés toujours affrontés dans le carrelage.
Le sire de Chalon est revêtu de la cotte d'armes et d'un heaume enveloppant.Il brandit une épée massive et porte un écu triangulaire où figurent ses armes "de gueules à la bande d'or". A noter que la bande est inversée et l'on suppose que c'est par souci de symétrie avec le chevalier qui lui fait face. Le cheval est couvert d'une housse flottante. Devant et sous le cheval des ornements végétaux symbolysent le sol et garnissent les vides.
Le comte de Bourgogne porte l'écu au lion d'or sur fond de billettes qui est celui du comté de Bourgogne également répété deux fois sur la housse du cheval.
20- Chimère fascinant un oiseau : un seul exemplaire sur la bordure NO.
Les carreaux de la réparation nord sont plus grands et comportent d'autres motifs : des échiquiers à 16 ou 25 cases. Mais leur intérêt est surtout dû aux deux inscriptions "EREVATE" et "ITIELESD"qui permettent de les dater. ITIELESD évoque les tuiles ou carreaux et REVATE est le nom du faubourg RIVOTTE de Besançon où vivait un tuilier du nom de Richard mort avant 1312. Il a signé un carreau, conservé au musée de Besançon, très proche de ceux ci : même inscription et mêmes dimensions. Or ces dates correspondent à l'adoption en 1278 par Othon IV du lion de bourgogne sur fond de billettes en remplacement de l'aigle. Enfin les chevaliers des carreaux sont l'adaptation pure est simple à un carrelage des sceaux équestres du dernier quart du XIIIe siècle : sur ces sceaux comtois les cimiers apparaissent vers 1290, les volets ou ailette d'épaule vers 1300. Ni l'un ni l'autre ne figurent sur les carreaux.
Les carreaux de la réparation sud présentent plusieurs fois la fleur de lys mais elle n'est pas cantonnée de quatre points.
Cette fleur de lys emblème de la royauté française est surprenante car la Comté dépend alors de l'empire germanique. Cet emblème doit avoir connu un grand succès au XIIIe siècle et il se retrouve dans nos carrelage précisément à une époque où le Comté de Bourgogne bascule provisoirement dans l'orbite française. (1295 traité de Vincennes : la Comté est vendue à Philippe IV le Bel) . Il faudra cependant attendre presque 400 ans avant que la Franche-Comté ne soit définitivement française sous Louis XIV (1678 Paix de Nimègue).